©Medhat Soody

 

La compagnie Safra, créée et initiée par la chorégraphe Jessica Bonamy en 2013, explore l'art chorégraphique en ce qu'il est un art du muet.

 

Safra, de la racine safar en hébreu, qui signifie « écrire », mais aussi « raconter », est né d'un exil - un exil de la parole . Safar donne à entendre une obsession : Écrire. Écrire par la danse, et procéder ainsi à voix basse. Écrire dans un langage muet, murmurant ce qui veut se dire, comme pour mieux préserver le propos.

 

 

Procédant par palimpseste, la compagnie developpe une gestuelle du "négatif", à prendre comme la part sourde d'une chose désormais tue. Partitions (musicales/textuelles/picturales...) préexistent à la danse et vont transpirer à travers elle, sans jamais être déroulées. L'objectif: déployer une poésie du silence. A travers l'utilisation du texte et de la conversation comme points de départ, elle creuse également le concept de geste-parole, défendant l'idée que la danse est une parole muette.

 

©Rachel Krief
©Rachel krief

 

Les créations de la compagnie se caractérisent par leur transversalité et leur emprunt notamment au mime et au théâtre. Elles revendiquent le recours, dans une démarche contemporaine, à la théâtralité du geste à la fois par la symbolique des mains et du visage, cherchant une humanité dans le mouvement; et à la fois par un mouvement abstrait caractérisé par sa ligne et son trait.

 

Ainsi se tissent des toiles dansantes - entre les doigts et la joue, le long d'une jambe et à la couture de l'épaule - laissant jaillir un nouveau langage.